Jusqu’au 1er novembre
Après un hiver fort actif pour les 15 jardiniers du domaine, la maison et les jardins de Claude Monet rouvriront leurs portes au public pour la 45ème saison.
En cette année des 150 ans de l’impressionnisme, il sera d’autant plus émouvant de goûter à cette « oeuvre de lumière », emblématique du mouvement connu dans le monde entier.
Le 15 avril 1874, une trentaine de peintres exposent leurs oeuvres dans l’atelier Nadar, au 35, boulevard des Capucines. Ils se singularisent par une nouvelle technique picturale qui donne la primeur aux effets de lumière. Refusés par le Salon officiel ils décident d’exposer leurs oeuvres en dehors des circuits officiels. Parmi eux Claude Monet, Auguste Renoir, Berthe Morisot, Camille Pissarro, Alfred Sisley ou encore Paul Cézanne…
Louis Le Roy, un critique du journal Le Charivari, ironise sur le titre du tableau de Claude Monet, Impression soleil levant (1872), le qualificatif d’impressionniste va rester, le mouvement est né. De nombreux événements culturels célébreront, tout au long de cette année, les 150 ans de ce mouvement pictural révolutionnaire. Quelle meilleure manière de s’imprégner de la culture impressionniste que d’arpenter l’écrin givernois, palette grandeur nature et intarissable source d’inspiration pour le maître des lieux ?
Un tableau «grandeur nature»
Dans ce musée à ciel ouvert, le visiteur a l’étonnante sensation d’entrer dans les toiles du maître des lieux. Du bas de l’allée centrale, son regard plonge dans La grande allée à Giverny, Musée des Beaux-Arts de Montréal, exécutée en 1900. À quelques enjambées de là, il baigne littéralement dans le tableau Les Pivoines, Musée national de l’art Occidental de Tokyo, réalisé en 1887. Les jardiniers s’emploient chaque année à recréer la scène de cette oeuvre à l’endroit exact où elle fut peinte, avec des pivoines identiques à celles que cultiva jadis l’artiste givernois. Juste à côté, «les boîtes de peinture», ces parterres époustouflants de couleurs créent l’illusion d’une visite immersive. .
Inversant la démarche traditionnelle du peintre paysagiste, Claude Monet a façonné son motif avant de le peindre avec acharnement. À tel point que son bassin aux nymphéas, qu’il commence à représenter en 1899 sous la caresse d’une lumière perpétuellement changeante, deviendra vers 1910 son thème d’inspiration exclusif et son testament pictural, Les Grandes Décorations de Nymphéas, exposées au musée de l’Orangerie à Paris. Associé aux miroitements de l’eau dans laquelle se reflète la silhouette du fameux pont japonais , le tapis de nénuphars suffit à plonger le visiteur dans l’une des trois cents oeuvres impressionnistes que l’artiste consacra à son jardin d’eau.
Fritillaires, tulipes et saules pleureurs… les nouveautés 2024
Qu’elles flottent à la surface du bassin ou ornent ses jardins, toutes les fleurs «eurent droit au regard du peintre, à ses pinceaux autant qu’à ses soins» (Sylvie Patin dans Claude Monet, sa passion pour les fleurs, Éditions des Falaises).
C’est avec la même application que l’équipe du chef jardinier Jean-Marie Avisard a préparé, entre respect de la véracité historique et introduction de discrètes nouveautés, le jardin 2024. Parmi les nouvelles élégantes qui illumineront le printemps figurent la fritillaria raddeana, qui produit d’onctueuses clochettes jaune pâle subtilement ponctuées de vert ; et la fritillaria pallidiflora.
Également de nouvelles variétés de glaïeuls, lys et crocosmias, ces exquises fleurs en entonnoir groupées en épis. De nouveaux alliums Ambassador, Jackpot, et corydalis Purple bird, illumineront les massifs tandis que de nouvelles tulipes Signum, Fortress, Maskovri orneront l’allée centrale, – Gabriella et Dynasty pour les corbeilles –.
Variété ancienne à fleurs blanches bordées de violacé, la tulipe Shirley fera son grand retour dans les jardins. Tout comme le narcisse Rip Van Winkle, une variété historique que Claude Monet a pu connaître. Côté arbustes, le quercifolia Snow Queen et l’Hydrangea paniculata Vanille Fraise feront leur entrée dans l’eden givernois.
«Sans les saules, dont les lianes mélancoliques accrochent le bassin, les nymphéas sembleraient flotter au ciel», Claude Monet
C’est pour reproduire ces effets impressionnistes que deux nouveaux saules ont été plantés sur le pourtour de l’iconique bassin aux nymphéas. Enracinés dans un lieu de mémoire, ces nouveaux pensionnaires impriment déjà leur majestueuse silhouette dans ce miroir d’eau si cher au maître des lieux. Encadré par de nouvelles palissades japonaises, le jardin d’eau n’aura jamais été aussi zen…
La maison et les jardins de Claude Monet éco-responsables
Dès l’ouverture, les jardins bénéficieront d’une station météo installée du côté des serres du Clos Normand. «En cas de forte pluviométrie, et notamment lorsque l’équipe sera absente, cet équipement permettra d’économiser l’eau en stoppant l’arrosage automatique, explique le chef jardinier adjoint Rémi Lecoutre. À terme, cette installation aura pour mission de commander le système d’irrigation.
Maison et Jardins Claude Monet – Giverny
84, rue Claude Monet – 27620 Giverny –
Tel : 02 32 51 28 21