Dès lors que vous attacherez une attention suffisante à la qualité de votre sol, et que vous accepterez de ne choisir que des plantes qui y soient adaptées ainsi qu’à votre climat, les portes de la réussite facile vous sont grandes ouvertes, et les choix très nombreux. Alors, plantez, n’hésitez pas, et faites-le en diversifiant au mieux fleurs, feuilles, fruits, graines, hauteurs et formes pour que même la vie animale et le petit monde vivant invisible y trouvent les bonnes conditions de vie.
Mais il y a poireaux et poireau, pommes et pomme
Quoi de plus gourmand et merveilleux qu’un joli verger et un beau potager. Même à la verticale, même en bacs ou en pots et sous bien d’autres formes, ils sont réalisables. Produits de saison, frais et goûteux assurés à la condition expresse de faire les bons choix de départ, à savoir les variétés les plus adaptées.
« Il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre« , dit-on et c’est très vrai au jardin. Ne vous laissez plus abusés par les images de gros fruits très colorés, de tomates ou fraises à l’esthétique parfaite (question de goût, au propres comme au figuré) et de salades énormes et plus vertes que la chlorophylle ne l’autorise. L’excellence se cache depuis fort longtemps dans plus modeste et moins ostentatoire ! Dans les siècles de sélections que nos aïeux, beaucoup plus proches de la terre que nous, ont patiemment réussies, petite région par petite région. Tant de variétés obtenues dont la plupart sont des trésors d’adaptation à un lieu donné et de goût. C’est si vrai que les obtentions récentes puisent parties de leurs gênes dans ce fabuleux patrimoine.
La modernité a le mérite d’apporter son expertise pour améliorer la résistance aux maladies ou à divers phénomènes de plus en plus récurrents (sécheresse, par exemple). Quand elle s’applique à des variétés préétablies ou issues des anciennes, c’est formidable. Donc, profitez-en. Là encore, faites-vous conseiller par les producteurs locaux ou régionaux de ces plantes de fruits et légumes. tant pis si la pomme est moins parfaite (si la tomate est moins lisse, si la fraise est moins grosse) puisque, tant mieux, elle produira plus et sera meilleure ! Il y a surtout beaucoup moins de risque d’échec, et ce n’est pas rien. On peut même dire qu’avec certains légumes ou fruits, vous n’avez aucune chance de réussite si vous ne choisissez pas LA bonne variété, ou si vous n’acceptez pas l’idée qu’ils ne sont pas adaptés à votre secteur. Poireaux, pastèques, myrtilles, rhubarbes, groseilles, épinards… en sont des exemples. Seuls les jardiniers, très aguerris arrivent parfois à surpasser ces limites, mais avec quel travail ! Et finalement… pour quel intérêt ?
« Beaucoup de plantes » demande moins d’entretien que « peu » !
Une contre-vérité navrante s’est imposée au fil de ces dernières années, affirmant que plus il y a de plantes, plus il y a de travail, ce qui est absolument l’inverse de la réalité. La forêt a été évoquée, précédemment ; voilà un milieu très végétal qui est pourtant très stable dans le temps et qui nécessite pas d’entretien (sauf si l’on souhaites y faire de la production de bois).
À l’opposé, un gazon et des espaces dégagés (allées, cours, massifs de plantes annuelles) nécessitent énormément d’intervention pour être maintenus artificiellement en l’état, ce qui coûte cher, en plus (machines, outils, produits, renouvellement…), voire très cher quand il s’agit d’installer des géotextiles, des dallages et autres protections contre toute germination, sans certitude de tranquillité absolue ! La robotisation des tontes ne résout pas tout, et surtout pas les coûts, car les robots sont chers et restent « fragiles » face aux aléas du quotidien des familles. Et pour durer combien d’années ?
De là à avoir une forêt chez soi !
Sauf qu’entre la forêt et la pelouse il y a bien d’autres possibilités, qui nécessitent seulement d’être très bien conçus au départ : plates-bandes et bordures de plantes vivaces compatibles entre elles et installées avec un épais paillage organique, massifs de plantes subdésertiques avec un épais paillage minéral, haies libres et composées de diverses espèces complémentaires, bosquets d’arbustes compatibles entre eux et de diverses tailles… en sont des exemples. Il s’agit en fait de copies de modèles existants dans la nature, mais le résultat est là : après deux ou trois ans d’installation, il n’y a plus aucun entretien ou presque à faire. La densité végétale et la couverture du sol interdisent l’installation des herbes indésirables, et le bon choix de plantes limite énormément les tailles et nettoyages, même si c’est un peu moins vrai avec les plantes vivaces à massif que l’on aime voir « propres » le plus souvent.
Mettre ensemble des plantes aux exigences proches
Un autre secret de ces jardins sans souci, magnifiques et vivants est la réussite des assemblages. Ne mettez ensemble que des plantes qui ont des exigences très proches; même si toutes sont adaptées à votre climat et à votre sol, certaines demanderont plus de matières organique que d’autres, et plus d’eau aussi. Ne les mélangez pas à celles plus frugales. Attention aussi aux plantes de lumière qu’il ne faut pas mettre à l’ombre, ou l’inverse. les plantes à fort développement ne peuvent être mélangées avec des végétaux plus modestes ou plus lents de croissances, qui risqueraient d’être « étouffés ».
Ce qui est vrai au potager l’est aussi au verger et dans les parties dites ornementales du jardin (que l’on devrait qualifier de parties « écologiques » si l’objectif est de favorises la diversité vivante). Les plantes interagissent entre espèces ou variétés, avec des conséquences tantôt positives, parfois neutres, tantôt négatives. Visez le neutre et surtout le positif puisque cela améliore la croissance des végétaux et amoindrit les risques sanitaires. Par exemple, si l’on sait que l’association choux et carottes est très bénéfique aux deux plantes, il n’y a aucun sens à associer oignon et carotte puisque les deux plantes n’ont pas du tout les mêmes exigences en eau ! Là encore, ces savoirs sont à puiser auprès des pépiniéristes, mais aussi des meilleurs jardiniers de votre quartier ou des sites les plus sérieux dédiés à ces questions sur internet.
Un jardin bien dans notre époque est nécessairement un jardin tourné vers l’avenir, il est essentiel d’en prendre conscience. L’ère du monopôle des grandes enseignes commerciales, des industries du chimique, mais aussi du gadget, du plastique et du ridicule devra nécessairement cesser. Le processus est d’ailleurs résolument enclenché. Le discours anti efforts, anti contraintes… anti jardin vrai se « ringardise » peu à peu par l’absurdité des messages qu’il porte, si antagonistes avec les désirs assez unanimes de vie plus saine, plus simple, plus respectueuse de l’environnement et d’autrui, et les enjeux planétaires, qui se dessinent. Alors, jouons notre rôles, jardinons, plantons… et jouissons du merveilleux que cela engendre.